mercredi 30 décembre 2015

Les poilus de l'ame IV - Lieux de décès

Géographie 

le front stabilisé                                                             carte des décès
 Dès lors que le front se stabilise à la fin de l'année 19141, après la course à la mer, la guerre de tranchée va figer les lieux ; il faudra attendre l'été 1918, pour que la guerre de mouvement reprenne, sans pour autant changer les zones de combats déjà couverte et, peu s'en faut, sur le front de l'Ouest. 
  Un travail fait par Mémorial genWEb propose une carte des lieux de décès des MPF tués et disparus sur le front de l'ouest durant la durée totale de la guerre. Elle nous montre la répartition selon la ligne de front, avec quelques nuances, en particulier, l'importance de la zone des combats en Belgique, où nos généraux ont été prodigues du sang de nos Poilus, aux débuts des hostilités.

Largement fonction des événements et des engagements des régiments et des théâtres d'opérations, la carte ci-dessous nous montre, par l'intensité des couleurs, la trace des lieux de combats et de décès.
 On retrouve, sans beaucoup de surprise, le tracé de la ligne de front qui se superpose à la carte ci-dessus.
 En regroupant par département les lieux de décès, on obtient le tableaux en Annexe 2.
 85 % sont décédés dans la zone des combats ou proche de la zone. Le département de la Meuse voit tomber le quart de notre échantillon, 10 décèdent sur les champs de bataille de l'Armée d'Orient, sans compter les naufragés du Gallia. Les derniers 15 % restants se dispersent dans les 36 autres départements, dans ce nombre on remarque que 16 hommes laissent leur vie en captivité.

En reportant sur une carte les données de notre tableau ci-dessus, en ne tenant compte que des tués et disparus sur le front de l'Ouest, on retrace a peu de chose près la carte établie précédemment et issue des données de la totalité des MPF ; on constate cependant quelques différences :
 Il existe sur la nôtre une « surmortalité » provenant du département de la Meuse, ceci s'explique par le nombre d'unités du 5e corps, en particulier, le 82e RI, qui a combattu depuis la bataille des frontières jusqu'à la fin de septembre 1916 dans l’Argonne. Le second , le Pas-de-Calais, va voir tomber les soldats en majorité du 282e , régiment de réserve du 82e,dans les combats de Notre-Dame-de-Lorette, Souchez, Ablain, Saint-Nazaire, etc, ce dernier sera tellement touché, en 1916, que deux de ses bataillons seront dissous.

 Typologie 

Cependant, on peut interpréter cette notion d'une autre façon, sans connotation géographique mais plutôt en regardant le type d'endroit, Champs d'honneur, Ambulances, pendant les transports, Hôpital d’évacuation, Hôpital de l’arrière, en captivité, voir domicile.
 Si on peut admettre que les tués et disparus sont morts « au champs d'honneur », pour les blessés c'est beaucoup plus complexe, compte tenu de la chaîne d'évacuation mise en place par le service de santé.
 A partir de l'émergence des gaz de combat, un type de blessés particuliers va apparaître, les intoxiqués, le service de santé va mettre en place des ambulances spécifiques ainsi que des hôpitaux pour la prise en charge particulière de ces soldats intoxiqués.
 Quand aux malades, ils auront peu de choix, les ambulances dédiés, les hôpitaux de l’arrière, parfois le domicile.
 16 soldats décéderont en captivité dans les hôpitaux allemands, proches des camps de prisonniers, 12 malades et 4 blessés, dont 1 seulement décédera dans une ambulance allemande.

Sur nos 100 malades, l'immense majorité (83) décèdent dans des hôpitaux de l'intérieur des suites de leurs affections, typhoïde au début de la guerre avant la campagne massive de vaccination, grippe à la fin, et jusqu'à la fin des suites de tuberculose. 3 vont en mourir à leur domicile.
 Seulement 9 décéderont dans des ambulances, 2 dans un HOE, avant d'être évacué sur l’arrière. Pour 3 soldats déclarés décédé des suites de maladie, nous n'avons pas été en mesure de déterminer le lieu compte tenu de notre documentation.

Pour les blessés, cela est plus difficile, la chaîne d’évacuation, commence sur le terrain de combats, exécutée par les brancardiers du régiments, qui collectent les blessées jusqu'au poste de secours régimentaire, puis les brancardiers divisionnaires des postes de secours vers les ambulances, puis vers les Hôpitaux d'origine des étapes sur les trains vers l’arrière. Les convois passe par la gare régulatrice du corps d'armée, généralement un Hoe y réside, puis le convois s'arrête dans les infirmeries de gare importantes, (comme Montargis) où sont parfois refait les pansement, déposé les moribonds, enfin en bout de ligne l'hôpital de destination. Les décès pourront dès lors être prononcés tout du long de cette chaîne.
 En analysant les Journaux de marche des unités, des formations sanitaires des divisions (GBD, Médecin divisionnaire), les 191 déclarés décédé de suites de blessures ont pu être catégorisé selon le tableau ci dessus.
 Sous le terme ambulance, il faut entendre compte tenu l'évolution du service de santé et de la guerre de tranchée toutes les formations sanitaires de l'avant.
 En fait 32 blessés n’atteignent même pas la première formation formation capable de faire les premiers gestes thérapeutiques (13 PS +19 Chps d'honneur).
 15 décèdent durant les transports vers l’arrière, entre les HOE et les infirmeries de Gare.
 63 seulement auront bénéficié un moment d'un lit dans un hôpital, soit le tiers !, encore qu'il faille faire sans doute une différence entre les évacuations vers l’arrière a outrance du début du conflit, et la prise en charge des blessés par des formations basées sur des autochir, pourvues de moyens radiologiques et chirurgicaux les plus en avance de leur temps.
 Voir ci dessous la chaîne d’évacuation de Verdun à l'aube de la bataille

dimanche 27 décembre 2015

Les Poilus de l'Ame III - Classes et conscrits

La loi Jourdan, du 5 sept 1798, rend le service militaire obligatoire. En son article 1er, la loi stipule « Tout français est soldat et se doit à la défense de la patrie ». le régime de la conscription est né, il ne disparaîtra que deux siècles plus tard.
En 1804, un décret impérial met en place le conseil de révision et le tirage au sort. Dès l'origine, la pratique du remplacement se met en place.
La loi Cissey, en 1872, rend le service obligatoire. La durée est, soit de 5 ans ou d'un ans ,selon le tirage au sort.
La loi Freycinet (1889) le passe de 5 à 3 ans et supprime les dispenses aux enseignants , séminaristes et élèves des grandes écoles.

mardi 15 décembre 2015

Les Poilus de l' AME II, Provenance geographique-Bureau recrutement

Grâce à la fiche MPF, on peut déterminer, non seulement, la Commune de naissance,  mais aussi le département, premier critère de notre analyse. Deux fiches ne nous ont pas permis de retrouver la commune. Par suite notre échantillon porte sur 842 fiches. Nos Poilus viennent de 32 départements différents.
Le Loiret, sans surprise, en enregistre 722, soit plus de 85 %, nous reviendrons sur elles, pour en faire une analyse par canton.
Trois départements, la Seine (25), l'Yonne (22) , la Seine-et-Marne( 15), suivent le Loiret, départements proches, pour ne pas dire limitrophes du Loiret. La Seine, étant « proche » par les communications par voies ferrées, deux lignes aboutissent à Paris.

lundi 7 décembre 2015

Les Poilus de L'AME Introduction


Après la conférence faite en ce mois de novembre 2015, j'ai le plaisir de vous donner le texte de cette conférence.
Ce texte sera publier sous forme d'articles successifs pour permettre une mise en forme adéquate pour un blog. A la fin de la publication vous pourrez télécharger le document complet au format pdf.

Introduction

Pourquoi les Poilus ?

Une rencontre avec un document concernant les premiers blessés radiographiés dans un laboratoire de l'hôpital de la Salpêtrière au décours d'une recherche sur l'histoire de la radiologie aux hôpitaux de Paris va déclencher mon intérêt  pour cette période de notre histoire ainsi que pour ces acteurs. Cet axe de recherche va être dans ces débuts tournés vers les formations sanitaires et bien sur les techniques mises en œuvre en radiologie.

Pourquoi l'Ame ?

En retraite depuis 7 ans , habitant Pannes depuis 6 ans, c'est naturellement que je me suis intéressé aux Poilus du Monument aux Morts de Pannes, puis petit à petit la dimension de l’agglomération s'est vite imposée, même si cette construction administrative est anachronique  par rapport à l'époque de l'étude. La notion de pays Montargois serait sans doute plus adaptée, mais il faut bien se donner une limite.
Soit les communes de l’agglomération Montargoise et des rives du Loing, qui s'est récemment adjoint  de nouvelles communes, au total quinze communes, dont la plus petite en superficie n'est autre que le chef lieu ! Amilly , la plus étendue est équivalente à 5 fois la surface de Montargis
Ce faisant, cela m'a permit de faire connaissance avec mon nouveau pays d'accueil, originaire d'un grand port de l'ouest , d'une ville tournée vers les larges horizons des Amériques, issu d'une famille de marins, se retrouver dans une contrée du centre de la France, entre Beauce , val de Loire et Puisaye, demanda au début de notre installation une certaine curiosité.