lundi 2 juillet 2018

Cantine de la Gare VII Conclusion

si vous le souhaitez le document complet avec les annexes ICI

Conclusion

Après ce long travail de collecte sur les 5 années de fonctionnement de la Cantine de la Gare de Montargis, quelques questions restent ouvertes.
Nous ne sommes pas sur d’avoir exhaustivité des dons ni en espèces ni en nature dans notre relevé hebdomadaire. En effet la somme totale obtenue par le regroupement de la totalité des dons, 66 781,11 fr et la somme déclaré par le trésorier, 98 339,75 sont loin s’en faut proches , +30 % d’écart. Des erreurs de saisie de notre part, des « oublis » du Gâtinais, ou de la communication du comité vers le journal en sont sans doute la cause. L’écart est retrouvé dans le nombre de rations distribués est bien moindre, 342 905 pour 374 300 déclaré en fin de parcourt soit un écart de 10 % seulement.
Cependant, on ne pouvait viser l’exhaustivité dès lors que nous n’avions pas la source réelle de compte , mais seulement une communication indirecte par un tiers. Ce qui est le plus intéressant c’est d’avoir pu « descendre » jusqu’au niveau le plus bas pour voir se profiler les dons , les donateurs et la nature de leurs dons, marquant de ce fait, l’implication de la population dans le soutien à leur soldats, que dire de la générosité de Mme Rosse ?.
Pendant plus de 220 longues semaines, une quarantaine de personnes s’est dévouée 24h 24 , 7jr/7 pour assurer un service largement apprécié par les militaires et les réfugiés si l’on en croit les témoignages de reconnaissance reçus par le comité.
Certes, cette cantine de gare n’a pas eu l’ampleur, ni la reconnaissance qu’on pu avoir les cantines des grandes gares parisienne, ni celle du Palais du Poilus à Dijon, ni la « richesse » de celle d’Orléans , cependant elle a joué son rôle, et pleinement, elle fonctionne dès septembre 1914, bien avant la généralisation voulue de la fin 1917 , pour accompagner les permissionnaires de 18-19 comme la cantine d’Orléans. Elle fut a l’exemple de bien d’autres petites structures qui virent le jour de la volonté de quelques personnes devant un grand vide de solidarité.
Cette étude illustre un des volets de la vie pendant ces années de guerre dans une petite sous-préfecture avec sa ronde de notables et de petite gens. Elle complète la fresque commencée par les Poilus de l’AME, les Formations sanitaires, les Prisonniers de guerre allemand dans le Gâtinais, en attendant le retour du 82e, ce qui terminera la fresque commémorative du centenaire de la Grande Guerre à Montargis.

Annexe 10:Compte rendu de la séance de dissolution Mai 1919

Nos lecteurs savent que la cantine de la gare de Montargis, réservée aux réfugiés, militaire, blessé ou isolé de passage en gare, fondée le 7 septembre 1914, a été dissoute en date du 15 avril dernier.
Les comptes de liquidation étant définitivement arrêtés et régularisés, conformément aux prescription du contrôle des œuvre de guerre, le comité conviât en assemblée générale, dimanche dernier, 7 mai, à l’hôtel de ville, tous les collaborateurs et bienfaiteurs de l’œuvre.
La réunion s’ouvre à 2h, sous la présidence de M Lesueur, sous-préfet de Montargis, qui a, a sa droite M. Le Brecq, député du Loiret et à sa gauche m Falour, maire de Montargis et le Lieutenant-colonel Tissier , commandant d’armes.
Dans la salle, tous les fondateurs et collaborateurs, de nombreux maires des communes environnantes.../..
.../...S’adressant à ses auditeurs M Lesueur poursuit :
Les événements qui se sont succédés depuis la signature de l’armistice, événements qui vont aboutir à la signature de la paix , ont amené la cantine a cesser son action bienfaisante.
Vous savez tous qu’au début de la guerre quelques-un de nos concitoyens ont conçu ce projet fraternel d’organiser à la gare une cantine à entrée gratuite ravitaillant les blessés militaires, les soldats de passages, et les réfugiés. Tout à l’heure, M. Malifert vous donnera connaissance du bilan de cette œuvre. Vous vous rendrez compte combine l’exercice s’est terminé en pleine prospérité et comment l’œuvre a pu faire bénéficier du reliquat des somme en caisse de l’Œuvre des orphelins de guerre.
Ainsi, après avoir aidé les parents, elle se retourne vers ceux qui sont les fil de héros que nous avons vu passer en gare et que jamais peut-être nous n’avons vu revenir.
Le Comité a pensé qu’il était convenable avant que soit prononcé la dissolution, de réuni en une dernière assemblée tous ceux qui, depuis le début, avaient apporté à la cantine leur entier concours, leur temps,leur argent, leur générosité, leur cœur.
Il a pensé qu’une dernière fois, en votre présence, devaient être proclamé les résultats de cette union féconde de plus de 4 années. Ainsi, vous vous rendrez compte de l’emploi des dons et des sommes, et il n’y a point de termes assez expressifs, assez choisis, pour remplacer l’éloquente brutalité des chiffres.
M. le sous préfets fait alors connaître que la cantine de la gare, en 4 ans, a pu ravitailler 374.300 passagers, hommes, femmes, enfants qui ont pu non seulement trouver à Montargis le ravitaillement indispensable, mais le réconfort. La manière de donner, dit-il, vaut mieux que ce que l’on donne. Ceux qui passaient fuyaient l’envahisseur, étaient blessés ou retournait au front. A la cantine, ils ont trouvé une aide fraternelle, un bienveillant secours. Dans ce petit Hall Vitré, ils ont connu cette affabilité exquise, cet empressement qui s’ajoutent aux fleurons de notre devise montargoise et la font plus belle. Toujours bien reçus, ils ont puisé, dans de courts instants, un réconfort considérable ce qui réconfort dont ils avaient tant besoin. Chaque unité, ballottée par les événements, entraînée dans cette gravitation infernale de la guerre, a pu ainsi jouir de repos, de tranquillité, presque de douceurs.
Examinant ensuite la totalité des sommes recueillies, M. le sous-préfet dit que la crudité des chiffres ne fait que mieux ressortir le dévouement, le désintéressement absolu de ceux qui n’avaient pas d’autres buts que de venir en aide ; par la-même, ceux qui allaient au front ou qui se trouvaient de passage, ont vu que ceux de l’intérieur avaient su remplir leur devoir.
Voilà donc ce que fit la cantine. Aujourd’hui sont réunis ceux et celles qui ont contribué a son maintien, à son extension, à sa prospérité : ceux qui ont eu la première pensée et que rien jamais n’a rebuté, ceux qui n’ont agi que pour un idéal et qui pendant 4 ans ont payé de leur personne, dans un effort soutenu, sachant susciter, coordonner et utiliser tous les efforts.
Il sied, dit M. Lesueur, de ne point se congratuler sur le résultat du bien que l’on fait. Permettez mois d’oublier que je suis le président d’honneur ; faites que je ne sois ici que le représentant du Gouvernement et laissez moi, à ce titre, vous dire toute ma reconnaissance.
M. Le sous-préfet ne décernera pas de compliments banals ; il sait que ces hommes de bien, ces dames dont es sentiments se sont manifesté de façon si spontanée et si soutenue, ont trouvé dans l’accomplissement de leurs actes la seule récompense qu’ils ambitionnaient ; c’est un tire de plus à la reconnaissance d payes. En son nom et au nom du Gouvernement, il peut donc aujourd’hui dire que tous ont bien mérité de la reconnaissance française
Lorsque les applaudissement eurent cessé de crépiter, M. Lesueur reprit :
« Vous me permettrez de donner de donner connaissance de quelques lettres, tant civiles que militaires à l’œuvre de la cantine » Et successivement il donne lecture de lettres de m, le général de l’Espée  qui commanda la 5e région ? et de M. le général commandant la 5e et 6e subdivisions à Auxerre.
A la suite du don qui a été ait à l’œuvre des orphelins de guerre, m. le Préfet du Loiret lui a écrit directement pour le prier de transmettre ses félicitations au comité d’une œuvre dont l’action fut di bienfaisante. Cette missive renfermait également la lettre par laquelle M. Maurellet, inspecteur d’académie, accusait réception des fonds versés en indiquant que le montant en serait accordé aux orphelins de guerre de l’arrondissement de Montargis (long applaudissements)
Enfin pour en terminer avec la lecture de la correspondance, M ; Lesueur lit la lettre d’un soldat de l’infanterie de marine, qui , deux fois, une premier fois étant blessé, une deuxième fois passant en détachement à destination du front, a été reçu à la cantine. De l’affabilité de l’accueil reçu, ce soldat a été profondément touché et il a tenu en manifester sa reconnaissance.
De nouveaux applaudissements se font entendre et m. Malifert se lève pour faire connaître le compte rend financier, ou plus exactement le bilan de liquidation. Tout d’abord, m ; Malifert veut rappeler le souvenir des membres de la cantine disparus depuis le début de la tourmente : MM. Guillaume, Viratelle, Gaullier, Meigiel, et renouvelle a leurs famille l’expression de ses sincères condoléances
Puis après avoir adressé à MM. Le sous préfet, le député et le maire de Montargis ses plus respectueux compliments, il présente à ses auditeurs un compte rendu financier des plus précis et des mieux documentés, mais dont l’exposé nous entraînerait a de trop longs développements ; Nous ne présentons donc à nos lecteurs que le bilan de liquidation qui s’établit ainsi.
Recettes- Souscriptions et dons en espèces  :98.389 francs 75
Dons en nature évalués : :15.727 francs 55
Ensemble : :114.097 francs 30
Dépenses – Soupes, pain, légumes, fromages, fruits, biscuits, épicerie, viande, boissons, matériels, entretien, chauffage, éclairage, frais d’administrations, salaires...  :110.063 franc35
Reliquat : Dévolu à l’œuvre des Orphelins de Guerre ; espèces, 4033fr 95 ; matériel expertisé, 800fr , ensemble, 4,833fr 95
Ravitaillés : Réfugiés, rapatriés, soldats, blessé, isolés ou en petit détachements : 374.300
Après l’exposé si documenté de m. Mailfert, M. Le Brecq, député, qui a entendu avec plaisir les paroles éloquentes de M. le sous-préfet, n’aura que peu de chose à dire. Toutefois, il a vu dans l’œuvre un effort où se combinèrent toutes les bonnes volontés ; en rendant hommage au dévouement des membres du Comité, il veut célébrer dans leur action une nouvelle manifestation de l’union sacrée. Car la cantine s’adressa à tous, sans distinction de nuances ou de partis elle fit appel au superflu, mais aussi au nécessaire et son appel : « Donne qui peut », dit mieux que les phrases la collaboration des modestes, dont l’obole mille fois répétée fit vivre et prospérer l’œuvre fraternellement organisée.
Comme représentant de l’arrondissement, M ; Le Brecq adressera un merci profond aux collaborateurs de l’œuvre de la cantine. Ses remerciement iront également aux maires de l’arrondissement qui l’ont soutenue de leur mieux, aidant ainsi à la bonne réputation de franche hospitalité et de cordialité de notre région. De cette œuvre, conclut M. Le Brecq, il restera le souvenir d’une œuvre d’union sacrée, d’un acte fécond dont nous avons à nous féliciter tous.
Les assistants applaudissent et m. Le sous préfet déclare la séance levée.