Dans toute ville de
garnison, l’hôpital du lieu se doit de comporter des salles pour
les militaires. Montargis ne déroge pas à la règle.
Vers 1895 l’autorité
militaire fait bâtir un hôpital de 46 lits sur un terrain loué
symboliquement 1 fr. Il présente deux pavillons reliés par un
couloir de service. (en rouge sur le plan ci dessus).
De plus une salle
d’opération est construite entre les salles militaires et
l’hospice.
Dès le début des
hostilités quatre nouvelles religieuses sont appelées en renfort.
Les 61 lits prévus pour l'armée en temps de paix sont nettement
insuffisants et passent rapidement à 193 répartis aussi bien dans e service de
chirurgie (pavillon Juy) qu'à la fondation Roux. Des baraques dite
Doecker seront édifiées prés de la salle d’opération, porteront
la capacité de 90 lits supplémentaires, elles seront détruites a
la fin de l’année 1919. soit pres de 300 lits
Un local de
radiologie va fonctionner intensivement pendant le conflit ; son
appareillage est fourni en partie par le Patronage aux Blessés, le
Service de Santé des Armées et une donation. La paix revenue, le
Docteur Nandrot seul médecin formé à la radiologie avant le
conflit, rachètera ce matériel fortement éprouvé, y adjoindra ses
propres appareils et fera cadeau du tout à l'établissement en
payant même l'électricité pour les faire fonctionner. Voila pour
les moyens.
Les personnels
Aumonier | Ab | Gervaise | - |
Chirurgien | Dr | Malherbe | - |
Econome | Mr | Duval | Joseph |
Infirmier | Mr | Bourgoin | Armand |
Goeffroy | Robert | ||
Ab | Loiseau | - | |
Mr | Regnier | Sylvain | |
Infirmiere | Melle | Harry | Andrée |
Laborantin | Mr | Deslandes | - |
Medecin | Dr | Guilbert | - |
Pillon | - | ||
Milanoff | - | ||
Rolland | - | ||
Souesme | - | ||
MM | Robin | Emile | |
Officier d’adm. | Mr | Falleau | - |
Pharmacien | Mr | Distruit | Paul |
Les noms qui se
retrouvent dans ce tableau , ne sont que ceux dont nous avons pu
retrouver dans nos différentes sources, ils sont donc loin de
regrouper la totalité des acteurs, surtout infirmiers.
Dr. Emile Robin,
"Correspondances de guerre") de 17/02/1916 au 01/09/1916
Je suis secondépar un chirurgien et un aide-major avec comme personnel subalterne
des sœurs et 42 infirmiers... Un seul "Nom" nous est connu des sœurs qui complètent l'effectif au travers d"un témoignage d'un blessé du chemin des dames: il mention la douceur relatives au cour d'un pansement exécuté par sœur Blanche.
Particularité aussi, la présence d'un laborantin, chargé des analyses bactériologique, il sera d'ailleurs décoré de la médaille des épidémies, se qui ne sera pas le cas De Geoffroy robert, jeune soldat de 19 ans affecté comme infirmier a l'hôpital et qui décédé de la typhoïde contracté en service en octobre 1914.
Les premiers blessés des zones de combats vont arriver à partir du 31 août dans la nuit, et dès lors les évacuations ne cesseront qu’a la fin de 1919.
Du premier train sanitaire 91 seront hospitalisés dans ses salles soit presque le tiers, les autres seront répartis dans les autres formations.
Nous sommes en Août il fait chaud les rayons du soleil dardent : « A midi et demi , des blessés sont transportés sur une voiture automobile et traversent l’avenue de la Gare, se dirigeant vers l’hospice. Pour se garer des rayons du soleil, les infortunés Pioupious ouvrent des parasols qu’ils maintiennent au-dessus de leurs têtes autant que le leur permettent les cahots de l’avenue » le Gâtinais du 6/9/14
Les blessés
Le premier blessé conduit à l’hôpital est le lieutenant Blarez du 82e le 14 Aout Il Appartient à la 7eme Cie sous les ordres du capitaine Peyron. Le 23 août premier combat à la frontière à Charency Le 25 Aout Il est blessé à la main et évacué donc sur Montargis .Les premiers blessés des zones de combats vont arriver à partir du 31 août dans la nuit, et dès lors les évacuations ne cesseront qu’a la fin de 1919.
Du premier train sanitaire 91 seront hospitalisés dans ses salles soit presque le tiers, les autres seront répartis dans les autres formations.
Nous sommes en Août il fait chaud les rayons du soleil dardent : « A midi et demi , des blessés sont transportés sur une voiture automobile et traversent l’avenue de la Gare, se dirigeant vers l’hospice. Pour se garer des rayons du soleil, les infortunés Pioupious ouvrent des parasols qu’ils maintiennent au-dessus de leurs têtes autant que le leur permettent les cahots de l’avenue » le Gâtinais du 6/9/14
De cette première
liste de blessés en provenance de l’hôpital Mixte il nous
difficile de savoir à quelle date exactement sont entrés dans cette
formation ces poilus, malheureusement, le nombre de décès est
très important dans de début de septembre de cette année 1914.
Cependant un
document que nous avons retrouvé dans la chronique de l’hôpital
tracée par. Claude Prouvray... nous montre un graphique des entrées
l’hôpital militaire. Je ne sais d’où l’auteur en tient la
source, mais il est suffisamment parlant pour que nous l’utilisions.
Plus de 1200 entrées sont signalées pour les 4 mois de 1914 , soit
un rythme de 300 entrées en moyenne par mois,
En effet si on
regarde le tableau des décès enregistrés à l’état civil qui se
sont produits dans cette formations sur les 804 constatés à
Montargis , le quart proviennent de cette formation. Encore une fois
avec des chiffres cataclysmiques sur les 4 mois de l’année 14
Grace à ces
chiffres, si on les rapproches du nombre de Décès que nous livre
les registres d’état civil , on obtient le tableau suivant
Année | entrées | Nb décès | D/E | E/mois | Décés/m |
14 | 1200 | 59 | 4,9% | 300,0 | 14,8 |
15 | 2450 | 48 | 2,0% | 204,2 | 4,0 |
16 | 1350 | 18 | 1,3% | 112,5 | 1,5 |
17 | 900 | 16 | 1,8% | 75,0 | 1,3 |
18 | 1600 | 44 | 2,8% | 133,3 | 3,7 |
19 | 1650 | 56 | 3,4% | 137,5 | 4,7 |
Jusqu’en 17 on
observe une constante diminution du nombres des entrées et des
décès. Ce qui est le plus frappant c’est le nombre des décès
par Mois qui chute de prés de 15 à un peu plus de 1 dans un rapport
de 1 à 10. La raison on la connaît, un changement total de
paradigme pour les évacuations : Du « on empaquette et
on évacue sur l’arrière », à la mise en place
de la chirurgie de l’avant et des hôpitaux prés du front.
La courbe de 18 et
de 19 s’explique par plusieurs facteurs, la fermeture des hôpitaux
36 et 28, la reprise de la guerre de mouvements , la désignation de
Montargis comme gare régulatrice sanitaire, et surtout la grippe qui
va ravager les effectifs. Les chiffres de 19 s’explique par le fort
contingent de prisonniers allemands du camp de prisonniers de
Chalette ; 31 des décès
sur 56 pour cette année 1919 sont de nationalité allemande.
Le premier décès
constaté d’un blessé est celui d’Adrien
Fouich agé de 22 ans ,soldat au 61 RI du
recrutement de de Bézier. Il décède des suite de ses blessure a la
jambe le 3 septembre 1914.
Le dernier René
Marcel Renard, né le 18 février1897 à Châlette,
ouvrier d’usine (Langlée?) appartenant au 116 RI décéde de
maladie le 3 octobre 1919. Cité deux fois a l’ordre de la
division, blessé le 4/04/1918, puis « agent de liaison
dévoué et consciencieux, toujours volontaire pour les missions
périlleuses a fait preuve de courage et de sang froid au cours du
combat du 30/10/1918 en assurant la liaison d’une façon parfaite
dans des circonstances des plus difficile et sous les plus violents
bombardements »
A partir du registre
des décès , on extrait les causes de décès dès lors que l’on
ait les renseignement soit par la fiche MPF , soit par une indication
du registre, on dresse le tableau comparatif entre l’année 1914 et
l’année 1918:
Année | Blessure | Maladie | ||
Lieux | 1914 | 1918 | 1914 | 1918 |
Hop Mixte | 35 | 1 | 12 | 29 |
Le contraste est
saisissant pour les blessures de guerre, pourtant en 1918 cette date
la gare est considérée comme une régulatrice sanitaire, les
efforts de traitements et des conditions d’évacuation ont fait
leur preuve.
Pour les malades les causes de décès sont
différentes, en 1914 c’est principalement la typhoïde, en 1918
c’est la grippe, mais aussi les suites de tuberculose. Cette cause
de décès continuera d’affecter les démobilises bien au-dela de
1919.
Tranches de vie
et témoignage
Les recherches
faites dans les archives locale au travers du Gâtinais de cette
époque, des ressources du Web , nous ont permis de dénicher
quelques tranches de vie ou de témoignage sur cette formation.
En respectant plus
ou moins le fil du temps je vous les ferais découvrir ?
Le 17/10/1914 le Gâtinais fait l'éloge d'un soldat dont les
obsèques ont eut lieu Geoffroy Robert de la 31e compagnie du 82e,
attaché en qualité d’infirmier à l'hôpital Mixte.
«.../...Victime obscure du devoir silencieux accompli, Geoffroy,
agé de 19 ans a succombé aux suites d'une redoutable maladie
contractée dans l'exercice de ses fonctions (La Typhoide).
Dans l'assistance , on remarquait: M. le médecin major Souesme,
médecin chef de l'hôpital mixte; ses collaborateurs
les dr Milanoff, Guibert, mm Bruhl, Calas, Compin ,
étudiants en médecine, M. Falleau gestionnaire. M
Prochasson économe ; MM. Reumont et
Fouquin conseillers municipaux; M.
Cazeaux capitaine de la 31 cie, les infirmiers
militaires et les infirmiers de
complément; M. Boursin. Mme la supérieur des filles de la Sagesse;
un certain nombre de dames et de nombreux Soldats du 82e de ligne. »
Le 31 Octobre, Mme la Comtesse de Cepoy a envoyé à l’hospice
une paire de canards.
En fait des dons
en nature, en linge , en espèces vont parvenir aussi à l’hospice
qu’aux autres hôpitaux.
(Dr. Emile Robin, "Correspondances de guerre") DU
17/02/1916 au 01/09/1916 . Il
vient d’être nommé médecin chef de l’hôpital Mixte.
"Depuis avant-hier que j'ai pris mon service, j'ai passé le
plus beau de mon temps à signer des paperasses, il paraît qu'il
sort du bureau plus de deux milles papiers par mois, c'est te dire
comme je vais être heureux, moi qui aime tant cela !...
Ne vous fêlez pas les méninges pour savoir ce qu'est un hôpital
mixte et je t'en donne de suite l'explication : un hôpital mixte
est un hôpital ordinaire dans lequel on a fait des bâtiments
spéciaux pour les militaires blessés ou malades.
Il y a donc deux administrations séparées...
Montargis est aussi gai que le plus triste village lorrain.
Bref, je mentirai si je disais que je suis content ici et que je
ne regrette pas ma vie militaire antérieure."
Le même Emile Robin quittant ces fonctions pour rejoindre une unité
du front écrit au président de la commission administrative :
" Au nom de tous les hospitalisés des salles militaires de
l'Hôpital-mixte de Montargis, au nom des hommes du détachement et
des officiers du Corps de Santé, médecin-chef et médecin traitant,
j'ai l'honneur de vous prier d'agréer, ainsi que Messieurs les
Membres de la Commission Administrative, l'assurance de nos
sentiments les plus sincères de gratitude et de reconnaissance pour
le témoignage de sollicitude affectueuse que vous avez bien voulu
nous donner à l'occasion de la fête nationale. Tous sans exception,
conserveront dans le plus profond de leur cœur le souvenir le plus
vif et le plus durable de cette fête de famille au cours de laquelle
tant de sympathie nous a été témoignée …"
Avant rejoindre une unité au front , il décède a l’ambulance
7/13 stationnée a Santine (Oise) de
maladie le 2 mai 1917
Andre Cabournet blessé au chemin des dames le 21 avril 17 extrait de ses carnets de guerre
Le train se remit en marche, et nous étions bientôt arrivés.
Je me préparais à... ficher le camp, quand le major s'amena au
wagon :
"Il faut que tu restes jusqu'à Montargis. Ici on ne
peut faire descendre personne. Ce n'est pas loin, il n'y en a donc
pas pour longtemps."
Eh bien soit, allons à Montargis...
C'était le 10 mai 1917. Il était une heure de l'après-midi
En arrivant à cette gare, on me fit descendre de wagon, et
j'adressais mes adieux au brancardier :
"Au revoir, vieux ! Et merci !
- Pas de quoi ! Bonne chance ! Au revoir !
Soeur Blandine (tel est le nom de mon infirmière) me refait mon
pansement, et d'une main moins que douce, car elle me fait rudement
mal, surtout qu'avant de poser la bande, elle presse sur chacune des
deux plaies, pour en extraire le pus..../...
Nous entrons dans un café, après une bonne promenade. Nous
commandons deux bocks et nous mettons en devoir de rouler chacun une
cigarette.
En nous voyant, un consommateur s'approche : "Eh... les
amis, vous n'auriez pas une cigarette à m'offrir ?"
Je pousse un ah! de stupéfaction. J'ai toujours entendu dire
que les poilus étaient bien choyés par les civiles qui leur
offraient des cigarettes et mille autres douceurs, et voilà que...
Ah non, alors, pas de ça... !
"Non, mais dites donc, depuis quand avez-vous vu des
poilus faire des cadeaux aux civils, répliquai-je. Dans mon pays
c'est le contraire qui se passe ! Sans blague, vous ne vous doutez
pas que nous ne gagnons que cinq sous par jour ? Si vous n'avez pas
de tabac, le bureau n'est pas loin, faites comme nous, ou alors
contentez-vous de cracher... !
"Des drôles de civelots qu'il y a à Montargis, dis-je à
Max (ainsi surnommons-nous le copain, car il ressemble beaucoup à
Max Linder, le comique du cinéma). Ils ne savent donc pas qu'il y
a la guerre ?"../...
Vendredi, changement d'ordres. La prise d'armes est reportée au
14 juillet, mais le colonel du 82e d'infanterie qui devait la
présider annonce en même temps, que s'il se trouve à hôpital, des
soldats devant partir en permission et ayant à recevoir la croix, il
se dérangera néanmoins pour la leur remettre en sortant du conseil
de réforme, où il était président tous les samedis
Ils ont des Droits sur nous !
En 1919, l’armistice signée, a paix n’est pas encore là, et
il reste de nombreux malades et blessé dans la seule structure
sanitaire encore ouverte , l’hôpital Mixte. Des soldats mécontents
font parvenir au Gâtinais une lettre de remerciement.
le Gâtinais 19/02/023
Nous tenons à remercier le Gâtinais d'avoir bien voulu signaler
que les nombreux malades militaires de l'hôpital mixte ne recevaient
fort irrégulièrement et à intervalle très espacés, la visite du
médecin, depuis le départ du docteur Pillon
Dés jeudi matin, c'est à dire aussitôt après la parution du
Gâtinais, on a daigné se souvenir que les poilus- ces héros
sublimes, comme les appellent les grands journaux et le orateur
officiels - avaient droit, quand il étaient malades , aux soins du
médecin. Il n'en reste pas moins ce fait inouï, scandaleux que
pendant jours, l'autre semaine, des soldats malades n'ont point été
visités par un médecin.
Il en serait peut être encore de même si le gatinais ne s'était
intéressé à leur malheureux sort. Tout commentaire affaiblirait la
portée de cette douloureuse constatation. Ajoutons simplement que
les soldats malades et blessés en traitement à l'hôpital Mixte on
encore d'autres motifs de se plaindre: Laissés sans soins autre que
ceux du personnel infirmier dont le dévouement ne peut évidemment
suppléer à l'absence de connaissances médicales, les poilus se
plaignent en outre de l'insuffisance de la nourriture.
Ils ont "souppé"- c'est le mot de la situation- des
rutabagas ou du riz qu'on leur sert quotidiennement et ils demandent
autre chose. Oh! ils ne sont pas très exigeant: ils se
contenteraient de l'ordinaire du personnel infirmier...quand celui ci
à l'inappréciable bonne fortune d'appartenir à l'état
ecclésiastique.
Voyons , m. Le rédacteur , des poilus qui ont versé leur sang
pour la France, ou qui ont souffert dans les geôles allemandes,
n'ont ils pas le droit de demander d'être aussi bien nourris que les
quelques prêtres du service auxiliaires qui font partie du personnel
infirmier. pourquoi des rutabagas aux un et de succulentes côtelettes
aux autres ?
Une semaine plus tard une correctif viendra faire remarquer « qu’il
n’a pas été servi de rutabagas depuis plusieurs mois , et qu’un
cahier consigne les menus journaliers d’où il résulte que les 20
premiers jours de février il a été servi :
du bœuf à 20 repas, du veau à 10, du mouton à 8 ,du porc à 2.
Comme légume des lentilles à 11 repas, du riz à 10, des
haricots à 9, des pommes de terre à 7, des choux à1, des feves à
1 des carottes à 1
il a été consommé 650 œufs »
Se sera le dernier épisode concernant l’hôpital mixte et ses
poilus que nous auront retrouvé, ce n’est pas le moins
croustillant, ou l’on perçoit l’attitude on a des droits.
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