samedi 16 mai 2015

Le prix de journée dans les Hôpitaux d'ici et d'ailleurs 14-18

Tout séjour dans une institution sanitaire entraîne des coûts, ceux ci sont proportionnels aux prestations que reçoit le malade ou le blessé. Ils sont la somme des dépenses, nourriture, blanchiments, pansements , médicaments et pour l'essentiel, des frais de personnel. Aujourd'hui ces charges sont supportées par un tiers, la sécurité sociale et les mutuelles, et pour une faible part parfois par le patient.
 Qu'en était il dans nos formations sanitaire du Montargois et d’ailleurs ? 
Dès le temps de paix, le service de santé organise les futures formations sanitaires qui viendront compléter les hôpitaux militaires dés le début du conflit, pour cela il s’appuie sur les ressources du territoire :
 - Les bâtiments capable d'accueillir sans transformation majeure des lits, les établissements scolaire, en particuliers les collèges et les lycées conviennent , grâce, à leur volume des salles de classe parfaitement adaptées, au propos. Les hôpitaux civils bien sur font partie des ces ressources, une fois des salles réservés aux militaires, jamais moins de 100 lits, ils prennent le nom d'hôpital mixte 
 -Les sociétés de Secours aux blessés militaires ,qui forment la Croix Rouge Française, sont chargées des équipements, des fournitures et bien sur des personnels. 
Cependant, entre les sociétés ,les hôpitaux civils et l'autorité militaire au travers du Service de Santé, des conventions sont signées pour réguler les rapport entre les différents partenaires.:qui est responsable de quoi, qui prend en charge quoi.

 Par exemple dans le volume traitant des  « Ressources du territoire pour l'hospitalisation des malades et blessés de l'armée, C. Lavauzelle (Paris 1914 p 44) : »
 Indemnités allouées aux sociétés d'assistance. :
 Art. 87. Les sociétés d'assistance reçoivent, sur les fonds du service de santé de l'armée, une indemnité fixe de 1 franc pour chaque journée de malade ou blessé traité dans leurs hôpitaux(décret sur le fonctionnement des sociétés d'assistance).
 Grâce aux archives hospitalières ou à certains témoignages, les traces de ses conventions sont parvenues jusqu'à nous. Le Conseil d’Administration de l'hôpital de Montargis se réunit donc régulièrement pour débattre et acter les décisions de gestion courante d'un hôpital de cette époque, vente de terrain, recette des fermes, dépenses, prise en charge des indigents de la ville.
 Montargis, ville de garnison du 82e RI, reçoit dans ses salles des militaires malades, ne pouvant être soignés à l'infirmerie de Gudin. Dans une séance du début de l'année 1915, Compte tenu des charges qui deviennent de plus en plus importante lié au flux de blessés reçut par l'hôpital Mixte il décide après une courte délibération ses tarifs et d'appliquer un effet rétroactif au service de santé de la 5eme région.


Cet extrait de la délibération nous montre plusieurs choses, tant du point de vue des rémunérations que de la hiérarchie des grades. Un officiers supérieur vaux deux fois un soldats !
Déjà, le prix de journée est le double de celui prévu pour les hôpitaux auxiliaires montés par les sociétés de la Croix Rouge
Ce prix de journée va être l'objet de plusieurs délibérations tout du long de la guerre, compte tenu de deux facteurs, l'inflation et bien sur, la rareté  des produits induite par l'effort de guerre et la durée du conflit, provoquant elle aussi une augmentation des coûts des denrées. 
 L'assistance publique de Paris dont dépendent une grande partie des institutions parisiennes, elle aussi passe une convention avec le service de Santé, Le Conseil de Surveillance, équivalent du Conseil d'administration, va en débattre lui aussi, le 1 octobre 1914 , puis le 24 du même mois , il est annoncé que «le chiffre de 2Fr.50, celui que l’Assistance publique, dans un accord complet avec l’autorité militaire, a consenti»,


 Montargis ne désire en fait que le prix qu'obtient dans sa convention la grande institution parisienne. Les documents en provenance des hôpitaux de Paris, nous permettent, au travers de quelques articles de voir ce que recouvrait cette redevance :
 «  l’Assistance publique s’engage à recevoir dans ses hôpitaux et hospices les militaires malades ou blessés de toutes provenances jusqu’à concurrence d’un nombre de lits fixé après accord préalable entre les deux administrations
 - les dépenses afférentes au traitement des militaires admis dans les dits hôpitaux et hospices incombent entièrement à l’Assistance publique, à l’exception des dépenses d’inhumation et de sépulture, remboursées à l’Assistance publique,pour les hommes de troupe, à hauteur de 18Fr.25.
En revanche, la fourniture des appareils prothétiques aux militaires en traitement dans les hôpitaux de l’Assistance publique incombe au Service de santé, ces appareils n’étant délivrés aux intéressés qu’après l’accomplissement des formalités réglementaires.
- l’Assistance publique est donc couverte de ses dépenses par le paiement des journées de traitement fixées au prix uniforme pour tous les militaires, officiers ou hommes de troupe, de
2Fr.50. Moyennant ce prix, les militaires doivent être traités par catégories, conformément au règlement sur le Service de santé à l’intérieur »
Au même moment dans d'autre ville on trouve la valeur de la prestation de la journée, oscillant entre 2F à Fougère à 2,50 à Nantes. Ce prix de journée de 2,50 f devant sans doute être général sur l'ensemble du territoire. Mais comme on l'a dit précédemment, l’inflation, la durée du conflit, la raréfaction des denrées vont constamment entraîné des dépassements de budget que les conseil d'administration tenteront de résorber en demandant des augmentation de ce prix de journée. Ainsi à Nantes il atteindra 3,80 f en 1918.
Le ministère de la Marine, lui va publier tout du long du conflit, tous les trimestres, les prix de journée de ses différents hôpitaux.



Déjà, on s'aperçoit que le prix n'est pas uniforme selon les établissements sans parler de la différenciation de grade. Ces prix de journée ne prennent en compte uniquement que l'alimentation des malades et non pas la totalité des charges, pansement, médicaments, etc., 
Doit 'on considérer, que la différence d'un franc couvre les frais « médicaux » ?, je serai enclin à le penser compte tenu du faisceaux de donnée collecté .
Cependant, tout blessé, tout malade, à vocation à devenir un jour convalescent. L'Assistance aux Convalescents Militaires, dont la mission est de prendre en charge dans des centres et lieux adaptés les convalescents reçoit, elle aussi, des indemnités correspondants à un prix de journée : 
 « Jusqu'en Février 1915, l'A. C. M. n'a reçu de l'État qu'un franc par jour et par convalescent hébergé ;l'allocation journalière a été depuis portée à 1 fr. 5o. Le prix de revient moyen quotidien d'un Convalescent, frais compris, variant entre 2 fr. et 2 fr. 75, le complément qu'il est indispensable d'ajouter au mandatement de l'État peut donc être estimé à un franc par journée d'hébergement ...»
Dès lors, on voit bien que la problématique du prix de journée va perdurer tout du long du conflit, et que les société de secours , comme les budgets des hospices civils et mixte seront sans cesse obligés de se retourner vers leurs bailleur, les communes, les donateurs,pour venir combler les déficits, obligeant parfois ces instituons à ce retourner vers l'emprunt, comme à Orléans en 1916.

Arrêtons nous sur le prix de journée de 2,50f des soldats. 
Que représentent à cette époque ces 2,50f ?
Au tournant du siècle, le salaire moyen d'un ouvriers est de 4,,80 fr, soit une « thune » (5 fr dans le langage populaire) pour une journée de travail d'au moins 10 heures. En retrouvant quelques prix de consommation courante, cela nous permet de mieux percevoir la valeur de cette rémunération :

1 kg de pain 0,42 F
1 kg de pommes de terre 0,17 F
1 kg de beurre 0,17 F
1 douzaine d’œufs 1,24 F
1 litre d’huile d’olive 1,47 F
1 litre de lait 0,27 F
1 kg de sucre 0,86 F
1 kg de bœuf 2,01 F
1 kg de mouton 2,62 F
1 litre de vin de pays 0,46 F
1 paire de chaussures 16,50 F

Avec ce petit exemple de prix en 1914, on s’aperçoit très vite qu'il faut une demie journée de travail pour qu'un ouvrier puisse ramener 1 KG de bœuf a la maison., et qu'il lui fallait environ 4 jours de travail pour se chausser. Le prix de journée d'un soldat à l'hôpital de Montargis correspondait donc à une demie journée de travail d'un ouvrier.

Sources :
Journaux officiel Gallica
Archive départementale du Loiret
Archive de l'Assistance Publique à Paris : 1 L 49 p 652, 1 L 50 p 3
Prix de journée :
Orleans :

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