jeudi 4 décembre 2014

L'arrivée des premiers blessés à Montargis (3)

 Les Sorties

Comme dans toutes instituons hospitalières, les sorties d'une formation sanitaires sont de plusieurs ordres :
Soit le retour au domicile, dans le cas d'un soldat sous les armes vers le dépôt de son régiment
Soit en permission de convalescence
Soit vers une autre formations sanitaires pour d'autre traitement ou une une structure moins intensive,
Enfin, malheureusement le décès
Dans les documents retrouvés aux cotes des archives municipales, la qualité des informations et la rigueur de la présentation est extrêmement variable d'un établissement à l'autre, d'une date à l'autre,
De même pour les journaux de marche et opérations, la qualité de la rédaction, la présence d'état de pertes est variable d'une unité l'autre.

Les sorties par décès



L'état civil de Montargis nous a permis de retrouver pour cette période la liste des décès dans les différentes formations de la ville.
- 4 sont morts à l'hôpital dans les salles militaires.
- 3 à l'hôpital complémentaire 22, au collège de garçons rue Gambetta, aujourd'hui l'hôtel de ville
- 3 à la gare.
- 2 au château, hôpital complémentaire n°2

Ce qui frappe, se sont les trois décès à la gare :
Le premier concerne Paul louis Caron, soldat au 303e RI dont le décès est enregistré à 5 H du matin à l'infirmerie de la gare. Originaire de Paris, recrutement de la seine , nous n'avons pas pu nous procurer sa fiche Matricule pour aller un peu plus loin dans sa connaissance. Seule sa fiche MDH nous est accessible et le journal de marche de son régiment, qui se bat, en ce début de septembre à Gercourt, ou sans doute il a été blessé et donc évacué vers l'intérieur. « Le combat de gercourt avait couté au 303e 13 tués dont un officier, 265 blessés dont 6 officiers et 40 disparus, » (JMO 303e p 8)
Les deux autres, Maxime Fontenoy du 6e Chasseur à Cheval et Fernand Marsant du 46 RI, décèdent le même jour à deux heures d’intervalle. Provenant tous les deux de Seine et Marne, ils sont inscrits au bureau de recrutement de Fontainebleau, leurs fiches matricules sont en ligne. Compte tenu des lieux de combats de leurs régiments, on peut penser qu'ils proviennent de deux trains sanitaires différents.

MaximeFontenoy, agé de 21 ans, né à Chaintreaux, incorporé depuis le mois de novembre 1913 au 6e RCC, atteint de dysenterie, décède en gare. Son régiment depuis la Bataille de Charleroi, fait retraite sur la Marne comme nous l'indique l'historique de son régiment :
« Le 3 septembre, il se trouve à Boursault où la S. M.et les 3e et 4e escadrons combattent à pied et maintiennent, par leur feu, les Allemands, dont les premiers éléments ont traversé la rivière.
Le 4 septembre, il cantonne à Montmirail et gagne ensuite, par Champaubert et Sézanne, la Charmelle (forêt de la Traconne, région d'Esternay) »

Fernand Marsant, natif de Saint pierre les Nemours est architecte paysagiste, incorporé en octobre 1912, cela fait déjà deux ans qu'il est sous les drapeaux, caporal le 8 Novembre 1913, puis caporal téléphoniste à la mobilisation, sans doute à la compagnie hors rang du 46 Ri. Les premiers jours de septembre, son régiment (46e ri) fait retraite de Boureuilles en Argonne vers le sud. Son décès suite à ses blessures est aussi constaté dans le train. Il à 23 ans
Ses trois soldats étaient peut être destinés à être traité à Montargis, comme toutes les infirmeries de Gare, celle de Montargis, à chaque halte toutes les 6 heures, se devaient de visiter tous les voitures du train à l'arrêt en gare.

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AdrienFouich, est malheureusement le premier décédé de ce début de mois de septembre 1914. Il appartient au 61e régiment d'infanterie qui se bat dans les alentours de Nancy, il a du arriver avec le premier convois,


On le retrouve dans la première liste de l'hôpital mixte, mais comme on le constate sur l'image ci dessus, son nom est rayé, il n'est donc plus en traitement au moment de la transmission de la liste, donc après le 3 septembre.
Sa fiche matricule (392 recrutement de Bézier), nous permet d'en savoir un peu plus sur l'homme : De taille commune pour l'époque plutôt petit, il est cultivateur et réside à Alonzac, sa commune de naissance à ses 20 ans. Sous le drapeaux du 61 RI depuis le 1 er février 1913. Blessé dans les combats de la trouée de Charmes de fin Août et ou début septembre. Au vu de sa Fiche MDH, il décède de suite de sa blessure, fracture de la jambe. On peut supposer, sans malheureusement trop se tromper, qu'elle devait être ouverte et anfractueuse, et que le décès et du à la gangréne et a la septicémie. Il a alors 22 ans .
Il repose au carré Militaire du Cimetière au rang 5 tombe 1.

Soldat au 365 Ri on ne retrouve pas sur les listes de l' hôpital Mixte. Pourtant, à la date du 25 aout dans le journal de marche de son régiment, alors que celui ci se bat à Etain, il figure dans la liste de 121 blessés de ce jour de combat.


 Originaire de Lille, Presseur de métier, il fait son service au 148 Ri a Verdun, A la mobilisation affecté au 165e puis versé au 365e , il a juste 28 ans. Evacué par chemin de fer sur Verdun à partir de la gare Aix- Aubaucourt si on en croit les directives du directeur de santé de sa division.
Il décède le 4 septembre à 17 h, il a donc survécu pas plus de 10 jours à ses blessures. Il repose au carré Militaire de Montargis (rang 6, tombe 4 ).

Au 324 regiment, le 1 sept, lors de la retraite et la défense de Verdun, son régiment se bat à Gercourt .
Né le 3 janvier 1885 à Châlons du maine en Mayenne , il a 29 ans à la mobilisation.  


 A la date du 1 septembre, il figure dans la liste des blessés du combat de Gercourt. Si les notes du DSS de sa division sont manquantes, par contre le Jmo du groupe de brancardier nous permet d'entrevoir la chaîne d'évacuation et des moyens mis en œuvre pour assurer cette tâche. Même un chien sanitaire sera utilisé pour retrouver des blessés dans les écarts. Pierre albert sera évacué dans la nuit du 1 au 2 septembre par Dombasle en Argonne en train .
Décédant le 4 septembre à 23 h dans les salles militaires de l'hôpital, il ne suvivra que 3 jours à ses blessures. Il repose au carré militaire de Montargis ( rang 4, tombe 2 ).

Georges Bénard,
 Natif de Sassetôt le Mauconduit en Seine Inférieur, est facteur à Fécamp, port de la grande pêche à la morue, 39 ans à la déclaration de guerre. Il est de ce fait affecté à la Poste et Trésor aux armées.
Il s'est marié en février 1903 à Marthe Eloise Tauvel, née à Belfort.
Il est déclaré entrant sur la liste du 5/9/1914 de l'hôpital N°22. Est il mort de maladie ? 


 Il repose lui aussi au carré militaire de Montargis au rang 5 tombe 2. Il ne reste que 24 h dans les salles du Collège de Garçons. On le retrouve pas dans les fiches MPF.

Albert Burnod appartient au 230e Ri, régiment de réserve, il appartient à la 74 division, qui combat au coté des 20e 15e 16e corps dans cette bataille des Frontières. Le jmo du 230e très bien tenu nous donne, des état de pertes jour par jour, et ce de façon lisible. A la date du mardi 25 Aout en page 7, on trouve le nom de Burnot Albert dans la liste des blessés, et en page 13 le nom de Duc Paul dans la liste des disparus au combats. Ce jour de combat à Roselieures- Méhoncourt, plus de 231 blessés et 31 disparus s'ajouteront aux 5 tués.


Plus 10 jours plus tard, soit le 3 septembre, il sera sur les listes d'entrants de l'hôpital N°22. Dans quelles formations, a t il pu passer cette grande semaine ?

Duc Paul lui aussi appartient au même régiment, comme nous l'avons vu ci dessus il fut déclaré disparu le même jour qu'Albert Burnot. Il est né le 10 novembre 1884 à Romilly, il est marié depuis 1909 avec Marie Jeanne Dernaud. 


 On se pose les même questions, par quelle formations ont ils pu passer avant d'arriver à Montargis compte tenu des délais.
Tous les deux entrants le 3 septembre, ils décedent le 5 pour l'un, le 6 pour l'autre à la même heure, 1h du matin selon le registre d'état civil de Montargis. On peut être certain qu'ils décedent de complications de leur blessures, la gangréne et/ou la septicémie étant l'hypothèse la plus probable, le tétanos peut lui aussi être envisagé à cette époque.

Le JMO du groupe de Brancardier de la 74e division nous éclaire un peu sur les évacuations entre les ligne de l'avant et la première ambulance.

« Le GDB sera à Lorey pour 7h. Il assurera le relevement des blessés dans le secteur St Mard, Dompart, Méhancourt, Bayou ». « Il sest réparti en 3groupe qui explorent chacun une route : a) St Mard-Dompart, b) vers Belchamp,c) Bayou, PC.../...

De 20 heures à 4 heures du matin, je pars procéder à l'exploration du champs de bataille jusqu'à Einvaux et Landrecourt. De très nombreux blessés y sont relevés (environ 250). Pont de rassemblement à la gare Einvaux ».











Le JMO du directeur du SS de la division, lui nous renseigne sur l'organisation entre la première ambulance et la gare d'évacuation.
Le schéma ci contre, nous permet de mieux visauliser sur la carte d'état major de 1860 le positionnement des formations sanitaires, On remarque Bayon, bourg de 1200 habitants en 1911 possède un hôpital hospice qui sera bien evidemment incorporé dans les ressources du service de santé. La gare d'évacuation est distante de 24 km de l'autre coté de la Moselle à Diarville





Au Chateau où est implanté l'hôpital complémentaire N°2 dans les locaux du Lycée St Louis, deux soldats vont y laisser leur vie. Hériot Gaston et Kirsh Henri.

Du 69e RI, à la fin du mois de juillet son régiment se bat prés de Lunéville, ou il tente de s'emparer du Signal de Frescati.


 Le JMO en ligne ne nous donne pas d 'état de perte par jour, aussi il nous est pas possible de dater exactement le moment de sa blessure. De ce fait nous n'avons qu'une estimation au mieux du temps de son évacuation, au mieux 48 heures.
Déclaré entrant le 1er septembre sur la liste de l'hôpital N° 2, Il décède le 4 septembre.à 8 heure du matin selon le registre des décès de Montargis. Cependant sa fiche MDF porte la date du 5 septembre et la mention Hôpital de Montargis sans autre qualificatif. Il est inhumé au carré Militaire de Montargis

De la classe 1913, Il est sous les drapeaux depuis plus d'un an, originaire de Paris(12e) comme beaucoup de soldat du 82e


Depuis la fin de juillet le 82e bat en retraite depuis Dun sur Meuse vers Clermont en Argonne, le 3 septembre il combat entre Boureuilles et Vauquois, une trentaine de blessé sont signalés dans le JMO de l'unité

Les Journaux des directeurs de santé divisionnaire et de corps nous permettent de comprendre le dispositif mouvant des ambulance et des évacuations assurées par les groupes de Brancardiers .
Jmo du 3 septembre DSSC Ve corps
« Les évacuations pratiquées en gare de Clermont en Argonne pendant la journée du 3 septembre 1914 ont été de:
1 Par train de ravitaillement quotidien 150
2 par un train ordinaire 40
3 Par une rame de wagons envoyé spécialement 300
4 Par un train sanitaire improvisé complet 440
5 Par deux trains meusiens 200
6 Par une rame de Wagons partie à 20.30 160
Total 1290 »
On peut supposer que Henri Kirsch fut évacué ce jour ou dans la nuit du 3 au 4 septembre. Il arrive le 6 pour décéder le lendemain à une heure du matin, à peine 24 heures après.

Le dernier décédé de cette courte semaine de septembre est le soldat Ca[o]mbolive[s] Jean du 80e RI
Il est Né le 4 octobre 1891 à Auragne en Haute Garonne.
Évacué le 31 Août, (JMO) avec 20 autres de ses compagnons, son unité se bat en dessous du Signal de Frescati, près de Lunéville.
Sa fiche Mort pour la France, orthographie son nom Cambolive nous permet de retrouver sa fiche matricule aux AD de Ht Garonne. Une légère différence entre le Jmo de son régiment sur la date d'évacuation se fait jour. Il est déclaré blessé et évacué le 30 août sur ce document. Le 30 août le Jmo totalise 2 tués, 12 disparus et 113 blessés. Il est possible qu'il fut blessé dans la nuit du 30 au 31 août d’où cette incertitude.
Il a donc du arriver entre le 1er septembre et le 2 à Montargis. Cependant on ne retrouve pas sur les listes de l'hôpital mixte de ce mois de septembre.
Il décède le 7 septembre, soit une semaine aprés sa blessure à 23 ans.

Petite synthèse



Compte tenu des informations laculaires recueillies ci dessus, on peut calculer pour certain le nombre de jours de survie, les délais d'acheminement entre la date de la blessure et la date d' entrée dans la formation sanitaire,
 Pour trois d'entre eux nous avons la chance de pouvoir calculer aussi le nombre de jour d'hospitalisation. On reste sans voix devant un délais de 9 jours de route pour deux d'entre eux. Il néanmoins certain qu'ils reçurent des soins pendant ce temps, du moins on l'espère

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