La Mobilité
La mobilité, qui va nous
intéresser maintenant, ne concernera pas que la mobilité
géographique ou la mobilité sociale. En effet, pour pouvoir
appréhender celle-ci, il nous faudrait noter la profession des
parents à la naissance, le métier à vingt ans et avoir un aperçu,
pour les classes les plus anciennes, le métier au moment de la
mobilisation, ce qui représente un lourd travail de dépouillement
pour les deux premiers, et une quasi impossibilité, compte tenu des
documents pour le dernier.
Celle qui va nous interpeller ici est celle que
l'on peut déduire des fiches matricules, où sont portés les
différents domiciles durant la période des obligations militaires
d'un soldat. En effet, nous n'avons pas fait de relevé entre le
domicile à la naissance et la résidence au moment du recrutement,
oubli de dépouillement, nous privant d'une possibilité de
quantifier le nombre de km entre la résidence à la naissance et la
résidence à 20 ans
En suivant les résultats du tableau ci-contre, on
s’aperçoit que les 2/3 de nos Poilus n'ont jamais changé de
domicile ou, du moins, aucune mention n'en fait part sur leur fiche
matricule.
Pour le 1/3 restant (238), ceux qui changent de
domiciles d'une à 3 fois représentent 80 % de nos « nomades »,
ce qui ne rend évidement pas compte de l’éloignement entre
ceux-ci, comme va le préciser l'étude plus approfondie des trois
exemples ci-dessous :
MAM Montargis :
Roger Émile, né à Montargis le
14/12/1883, réside à Levallois-Perret au moment de son recensement
classe 1903, sellier de profession, voir Carte
de ses déplacements
1906-1908 :
Levallois-Perret, 1908
Montargis, 1910 Paris 12e 77 rue Caude Decaen, 1911/03
Levallois-Perret 30 rue Chaptal, 1911/10 Paris 33 rue des 3
barres,1913 Courbevoies 45 bv de (?), 1913/02 Aigueperse
Puy-de-Dôme 25 km nord de Clermond-Ferrand, 1914 Clermond-Ferrand 6
rue Denod, dernier domicile commune de transcription : Dasnon Aube
(entre Vitry-le-François et Arcy-sur-Aube
Marié deux fois,
en 1906, à 23 ans avec Joly Jeanne Lucie à Montargis, puis en juin
1914 à 31 ans à Eugénie Bruhier à Montargis , Il aura 10 ou 11
résidences différentes
MAM de Pannes :
Picard Émile, né le 2 septembre 1879 à
Seichebrière , classe 1899 N°20, réside à Nibelle, Domestique non
marié,
À
la fin de son service militaire, il réside à Pannes, le 31/12/1905
à Césarville (S-et-M), le 25/03/1906 à Pannes, Hameau de
Montbonnin, le 16/03/1908 à Levallois-Perret, 112 rue du bois, le
29/03/1908 idem , 152 rue Victor Hugo, le 26/07/1908 à Le Coudray
(S-et-M), le 19/04/1909 à Chevannes chez Mr Mouillot, voir ICI
ses déplacements,
MaM Amilly :
RAFFARD Honoré Léonce Louis, né
le 28/09/74 à Pithiviers, classe 1894 N°1261
Orléans , charcutier de profession, il réside à Paris, rue G.
Tell au moment de son recensement. Il deviendra S/Lt au 331 RI
réserve du 131e d’Orléans. Il sera tué au bois de
Court-Chausse, Meuse, le 16 janvier 1915, Carte
de ses déplacements,
Il fait son
service en septembre 1895 au 89e (garnison Paris,
Vincennes), devient caporal le 22 juillet 1896, sergent le 22 sept
1897, retour ne à la vie civile en juillet 1898 Paris (?), franchit
la barrière des hommes de troupes pour être Aspirant en décembre
1900, fait 2 périodes de réserve au 89 RI 1901-1904, 1 mois
réserve 40e Ri période 8 jours en 1911. Mobilisé le
1er août, il arrive le 14 août. Il a 40 ans et promu
S/Lt le 14/11/1914 au
331 régiment de réserve du 131e.
Au recrutement
: il habite rue
G.
Tell
12e Paris.
Ses
parents résident
toujours
à
Pithiviers.
Le
16 mai 1899, il se
marie (domicile Pithiviers)
à
Amilly (25 ans) avec
Eugénie Caillard, Le
2 juillet 1899, il vit
11 rue jolivet Paris,
le 24
jan 1902, 68 grande
rue à Villejuif,
le 14
janv 1900, 46 fg St-Martin
Paris, le 9
mai 1901 à Ligny
(Seine-et-Marne), le
10/10/1903 à Romilly/Seine, rue du Moulin (Aube), le
12/03/1904 à Amilly chez Mr Caillard, le 13/03/1910 à
Amfreville-la-Mi-voie, 166 rue de Paris (Seine-Maritime), le
31/10/1913 à Rouen ,40 rue Dambournay. Commune de retranscription,
Orléans, son dernier dernier domicile (?).
3 exemples de
mobilité géographique avec, pour l'un, une mobilité quasi
régionale (Picard Emile), Nord-Sud, avec Roger Emile,
Clermont-Ferrand, Vitry-le-François, ou bien, Est-Ouest avec Raffard
Honoré, entre Rouen et Romilly-sur-Seine dans L'Aube. Ce qui est
remarquable, c'est que tous les trois font un séjour dans la
capitale.
La mobilité
géographique de nos Poilus est souvent liée aux aléas de la
profession, comme les domestiques, en fonction de leur employeurs
dans le monde agricole, ou de la domesticité dite de maison. Des
exemples nous sont donnés par un jardinier, qui soit, suit ses
patrons ou bien change de d'employeur, nous n'en savons rien ou, cet
autre, qui va de Paris à Londres, voire pour un autre, du Brésil à
la France.
Elle peut être lié aussi au changement
professionnel, tel ce domestique de ferme qui va émigrer en région
parisienne.
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