jeudi 28 janvier 2016

Les poilus de l'AME XIII La mobilité

La Mobilité

La mobilité, qui va nous intéresser maintenant, ne concernera pas que la mobilité géographique ou la mobilité sociale. En effet, pour pouvoir appréhender celle-ci, il nous faudrait noter la profession des parents à la naissance, le métier à vingt ans et avoir un aperçu, pour les classes les plus anciennes, le métier au moment de la mobilisation, ce qui représente un lourd travail de dépouillement pour les deux premiers, et une quasi impossibilité, compte tenu des documents pour le dernier.




Celle qui va nous interpeller ici est celle que l'on peut déduire des fiches matricules, où sont portés les différents domiciles durant la période des obligations militaires d'un soldat. En effet, nous n'avons pas fait de relevé entre le domicile à la naissance et la résidence au moment du recrutement, oubli de dépouillement, nous privant d'une possibilité de quantifier le nombre de km entre la résidence à la naissance et la résidence à 20 ans
En suivant les résultats du tableau ci-contre, on s’aperçoit que les 2/3 de nos Poilus n'ont jamais changé de domicile ou, du moins, aucune mention n'en fait part sur leur fiche matricule.
Pour le 1/3 restant (238), ceux qui changent de domiciles d'une à 3 fois représentent 80 % de nos « nomades », ce qui ne rend évidement pas compte de l’éloignement entre ceux-ci, comme va le préciser l'étude plus approfondie des trois exemples ci-dessous :
MAM Montargis : Roger Émile, né à Montargis le 14/12/1883, réside à Levallois-Perret au moment de son recensement classe 1903, sellier de profession, voir Carte de ses déplacements
1906-1908 : Levallois-Perret, 1908 Montargis, 1910 Paris 12e 77 rue Caude Decaen, 1911/03 Levallois-Perret 30 rue Chaptal, 1911/10 Paris 33 rue des 3 barres,1913 Courbevoies 45 bv de (?), 1913/02 Aigueperse Puy-de-Dôme 25 km nord de Clermond-Ferrand, 1914 Clermond-Ferrand 6 rue Denod, dernier domicile commune de transcription : Dasnon Aube (entre Vitry-le-François et Arcy-sur-Aube
Marié deux fois, en 1906, à 23 ans avec Joly Jeanne Lucie à Montargis, puis en juin 1914 à 31 ans à Eugénie Bruhier à Montargis , Il aura 10 ou 11 résidences différentes
MAM de Pannes : Picard Émile, né le 2 septembre 1879 à Seichebrière , classe 1899 N°20, réside à Nibelle, Domestique non marié,
À la fin de son service militaire, il réside à Pannes, le 31/12/1905 à Césarville (S-et-M), le 25/03/1906 à Pannes, Hameau de Montbonnin, le 16/03/1908 à Levallois-Perret, 112 rue du bois, le 29/03/1908 idem , 152 rue Victor Hugo, le 26/07/1908 à Le Coudray (S-et-M), le 19/04/1909 à Chevannes chez Mr Mouillot, voir ICI ses déplacements,
MaM Amilly : RAFFARD Honoré Léonce Louis, né le 28/09/74 à Pithiviers, classe 1894 N°1261 Orléans , charcutier de profession, il réside à Paris, rue G. Tell au moment de son recensement. Il deviendra S/Lt au 331 RI réserve du 131e d’Orléans. Il sera tué au bois de Court-Chausse, Meuse, le 16 janvier 1915, Carte de ses déplacements,
Il fait son service en septembre 1895 au 89e (garnison Paris, Vincennes), devient caporal le 22 juillet 1896, sergent le 22 sept 1897, retour ne à la vie civile en juillet 1898 Paris (?), franchit la barrière des hommes de troupes pour être Aspirant en décembre 1900, fait 2 périodes de réserve au 89 RI 1901-1904, 1 mois réserve 40e Ri période 8 jours en 1911. Mobilisé le 1er août, il arrive le 14 août. Il a 40 ans et promu S/Lt le 14/11/1914 au 331 régiment de réserve du 131e.
Au recrutement : il habite rue G. Tell 12e Paris. Ses parents résident toujours à Pithiviers. Le 16 mai 1899, il se marie (domicile Pithiviers) à Amilly (25 ans) avec Eugénie Caillard, Le 2 juillet 1899, il vit 11 rue jolivet Paris, le 24 jan 1902, 68 grande rue à Villejuif, le 14 janv 1900, 46 fg St-Martin Paris, le 9 mai 1901 à Ligny (Seine-et-Marne), le 10/10/1903 à Romilly/Seine, rue du Moulin (Aube), le 12/03/1904 à Amilly chez Mr Caillard, le 13/03/1910 à Amfreville-la-Mi-voie, 166 rue de Paris (Seine-Maritime), le 31/10/1913 à Rouen ,40 rue Dambournay. Commune de retranscription, Orléans, son dernier dernier domicile (?).
 
3 exemples de mobilité géographique avec, pour l'un, une mobilité quasi régionale (Picard Emile), Nord-Sud, avec Roger Emile, Clermont-Ferrand, Vitry-le-François, ou bien, Est-Ouest avec Raffard Honoré, entre Rouen et Romilly-sur-Seine dans L'Aube. Ce qui est remarquable, c'est que tous les trois font un séjour dans la capitale.

La mobilité géographique de nos Poilus est souvent liée aux aléas de la profession, comme les domestiques, en fonction de leur employeurs dans le monde agricole, ou de la domesticité dite de maison. Des exemples nous sont donnés par un jardinier, qui soit, suit ses patrons ou bien change de d'employeur, nous n'en savons rien ou, cet autre, qui va de Paris à Londres, voire pour un autre, du Brésil à la France.
Elle peut être lié aussi au changement professionnel, tel ce domestique de ferme qui va émigrer en région parisienne. 

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