jeudi 26 avril 2018

Des prisonniers Allemands dans le Gâtinais (1)

Des prisonniers Allemands dans le Gâtinais

Montargis-Orléans 1914-1920
Conférence du 16 Mars 2018
Ci dessous commence la publication du texte de la conférence faite à l'université du temps libre de l''agglomération montargoise dans le cadre du centenaire de 1914-1918. 3eme d'un cycle de 4 qui se terminera l 'année prochaine avec le retour du 82e dans sa caserne à Gudin le 3 Août 1919


Introduction

Dans tout conflit, dès lors que la guerre est déclaré se pose le problème des prisonniers que l’on fait de l’autre camp.
Quels rôles, quels droits et devoirs leur accorde t’on. Comment se comporte la population, autant de
questions que l’on essaiera d’aborder au travers des prisonniers allemands qui ont « résidé » dans les camps du Montargois, à Châlette, Paucourt, ou encore dans Montargis.
Une lecture fortuite dans un document évoquant une histoire de Châlette me fait découvrir que la placeJean Jaurès, bel espace dans la ville, autrefois parc d’un château du XVIIe ,au bord du Loing, fut dévolu àl’accueil d’un camp de prisonniers allemands ou à la fin de la guerre jusqu’en 1920 plus de 5000 prisonniers y ont sinon séjourné, du moins y ont été rattachés.
Replaçons nous dans le contexte de l’époque de ce début d’année 1918. La France et les Alliés viennent de traverser l’année 1917 avec deux événements militaires majeurs
 La terrible et inutile offensive du Chemin des Dames avec ses dramatiques conséquences tant du point de vue sanitaire que sur le moral avec le déclenchement des mutineries
- La révolution Russe et la paix de Brest-Livosk, avec comme effet à venir, la bascule des troupes du front de l’est sur le Front Ouest.Certes l’entrée en guerre des État Unis au cours de cette
année 1917, et l’arrivée des premiers combattants en France va compenser dans l’année à venir cette nouvelle pression des nombreuses divisions allemandes.
«J’attends les chars et les Américains » clame le Général Pétain.
Si sur le plan militaire les forces sont en tension, il en est de même à l’intérieur. En France, la désillusion due au cinglant échec de l’offensive Nivelle engendre une baisse de moral, des initiatives de paix « Blanche ». La contestation sociale, due à la flambée des prix et la mise en place des restrictions sur le textile, le charbon, la
viande, entraîne des manifestations comme celle des cousettes et munitionnettes qui défilent à plus d 10 000
 En Allemagne, la stratégie de la guerre sous-marine a échouée à briser le blocus. Les conséquences sur les approvisionnements sont particulièrement lourdes, les rations alimentaires baissent drastiquement . La ration de farine par jour et par personne descend à 200 g de farine, 50 g de corps gras par semaine, difficilement compensée par le très fort développement des Ertsaz.
Une récolte catastrophique de pommes de terre à l’automne 1916 aggrave la pénurie alimentaire. Il faut remplacer la pomme de terre, aliment de base, par le navet. Les Allemands évoquent « l’hiver des navets », le «Steckrübenwinter» ou « Kohlrübenwinter ».
Une habitante de Hambourg rapporte:
« Déjà cinq semaines sans pommes de terre, à peine de la farine et du pain. On va au lit affamé et on se réveille affamé. Que les sempiternels navets, pas de pommes de terre, sans viande, le tout (si on ose dire...) cuit dans l’eau ».
Fin 1917, une livre de beurre peut atteindre jusqu’à 10 Reichsmarks, soit quatre fois le prix supérieur autorisé, l’oeuf atteint lui deux fois le prix officiel fixé par le gouvernement.
En 1918, la situation est encore plus dramatique. La ration des civils tombe à moins de 1000 calories par jour ! Soit 60 à 70% de la ration nécessaire. Ce n’est qu’en juin 1919 que le blocus sera levé.
Ces restrictions drastiques des rations alimentaires de la population civiles vont avoir des conséquences directes sur l’alimentation des prisonniers de guerres français détenus en Allemagne, sujet récurrent dans la presse de l’époque, avec appel à la réciprocité.

Problématique et Sources

Pourquoi ce sujet ? Depuis plusieurs années de recherches autour de soldats du montargois, après avoir traité des Poilus de L’Ame, puis des Formations sanitaires de Montargis, une découverte au détour d’une lecture dans un monographie sur la ville de Châlette : L’existence d’un camp de prisonniers Allemands implanté sur la place Jean Jaurès au début de l’année 1917 -
Cependant, même si je ferais quelques sauts dans l’univers des prisonniers français en Allemagne, je ne traiterais pas ce sujet, qui est de surcroît bien documenté.
Je restreindrais , en fonction des sources accessibles en particulier locales, au département du Loiret puis du montargois. Afin d’illustrer au mieux les tranches de vie de ces prisonniers, aux champs, en fôret par exemple.
Les Archives Municipales, la médiathèque auront été pour le fouineur, comme toujours, un puits de
références, en particulier les pages du journal le Gâtinais et ses nombreux entrefilets, comme les
archives d’Orléans et sa publication en ligne du Journal du Loiret. Grace à un outil de recherche textuel, nous avons pu accélérer la recherche par mot clé dans les 4800 pages environ des années couvertes par nos travaux.
En enfin, un usage approfondi de toutes les ressources possibles de la toile m’ont permis de dénicher des documents peu connu en langue allemande qui nous permettront d’illustrer le propos.
La totalité des sources et une courte bibliographie seront proposées à la fin du texte.
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